Paru dans le Trait d’Union N° 9 - 2004

III - François Godreau Troisième partie de l’histoire de la famille Marcel Gaudreau

III - François Godreau

François naît le 13 décembre 1765, de Mathurin dont il est le 4ème enfant. Comme nous l’avons vu, il est du deuxième mariage, c’est-à-dire de Mathurin avec Jeanne PROUST.
La famille habite toujours à cette date à la Ralière de la POMMERAIE-sur-SEVRE.

Mais nous le retrouverons plus tard journalier à la Vilnière.

Quand il meurt en 1835, il est bordier à Vilcreux, gros village de la POMMERAIE - sur - SEVRE. Depuis combien d’années ? Sur quelle surface ? Sans doute avec un peu de temps pourrions-nous retrouver cela, car la Révolution, puis l’Empire de Napoléon ont mis de l’ordre dans les unités de mesures de surfaces, dans le cadastre, dans les registres de propriétés.

Ce François GODREAU qui naît en 1765 connaîtra sans doute une vie passionnée, comme la plupart de ses compatriotes, car il a 24 ans à la Révolution, et cette région du Poitou (la Vendée n’est pas encore constituée en département) sera au coeur du drame.

Je ne vous raconterai pas les raisons de la Révolution, il faudrait des livres entiers et je ne suis point historien. Disons qu’aux raisons philosophiques se sont ajoutées des raisons économiques.

Au cours du 18ème siècle, le commerce et l’industrie se sont développés en France. Dans notre région, les foires et les marchés s’étaient développés. Des drapiers et des merciers développaient aux foires de Bressuire ou de Vihiers le commerce des tissages fabriqués dans de petites manufactures ou dans des fermes à la veillée. Car on produisait du lin ou du chanvre, on tissait et on filait la laine dans les fermes pendant les longues veillées.

A Cholet, dès 1700 existe un grand trafic de toiles, qui partent vers Paris, Bordeaux. Il semble bien que le frère de COLBERT ait encouragé l’implantation des premières usines de tissage, et que vers 1750 le petit mouchoir de Cholet était déjà un produit bien connu.

Développement du commerce et de l’industrie naissante donc, et cela employait déjà des bras. Mais au point de vue agricole, la situation était aussi catastrophique en 1789 que pendant tout le siècle. Albert SOBOUL, l’un des grands historiens de la Révolution, situe très bien le problème.

La revendication essentielle du peuple demeurait le pain. Ce qui en 1788-1789 rendit les masses populaires extrêmement sensibles sur le plan politique, ce fut la gravité de la crise économique qui leur faisait l’existence de plus en plus difficile. Dans la plupart des villes, les émeutes de 1789 eurent la misère pour origine, leur premier effet fut la diminution du prix du pain. Les crises dans La FRANCE de l’Ancien Régime étaient essentiellement agricoles ; elles résultaient d’ordinaire d’une succession de récoltes médiocres ou nettement déficitaires ; les céréales subissaient alors une hausse considérable ; des paysans petits producteurs ou non producteurs devaient acheter des grains, leur pouvoir d’achat diminuait ; la crise agricole se répercutait ainsi sur la production industrielle. En 1788, la crise agricole fut la plus violente de tout Ie siècle ; dans l’hiver, la disette apparut ; la mendicité due au chômage se multiplia : ces chômeurs affamés constituèrent un des élements des foules révolutionnaires.

 LE CARNAGE DES GUERRES DE VENDEE

La Grande Révolution déferle donc sur la France. Mais les campagnes de l’Ouest sont bien calmes en cet été 1789. A la POMMERAIE le 14 juillet, on enterre Pierre GAUFRETEAU.

D’ailleurs, les idées de la Révolution, autant qu’on puisse en juger, ne font pas sursauter dans nos campagnes, au contraire. Mais la situation va vite se dégrader : la création de milices pour protéger les villes, le départ des nobles vers l’étranger, créaient un climat d’insécurité.

Les premières émeutes des paysans eurent lieu à CHATILLON-s-SEVRE, début 1791, car ceux-ci refusaient la constitution civile du Clergé. "Par cette constitution, les prêtres seraient élus par les citoyens, fonctionnaires salariés de l’Etat, leurs biens confisqués. De très nombreux prêtres refusèrent cette situation.

En février 1793, la Convention doit faire la guerre aux autres pays d’Europe. Elle décrète la levée de 300 000 hommes, puisés parmi les citoyens de 18 à 40 ans. La Vendée devra en fournir 4197.

Des milliers et des milliers de morts des deux côtés, au fusil, au canon, mais aussi à coups de faux, de baïonnettes, de couteaux.

Et comme la Convention ne sait plus quoi y faire, elle envoie TURREAU et les colonnes infernales. L’atrocité est poussée à son comble. Le Général GRIGNON ne le disait-il pas en arrivant à BRESSUIRE : “Mes camarades, nous entrons dans un pays insurgé ; je vous donne l’ordre express de livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d’être brûlé et de passer au fil des baïonnettes tout ce que vous rencontrez d’habitants sur votre passage. Je sais qu’il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays. C’est égal. Nous devons tout sacrifier”.

Début 1796, la paix revient enfin. La misère est immense, faite de deuils, de ruines, de rancunes. Combien de morts ? On parle de 500 000 morts, dont la moitié dans chaque camp. L’historien GABORY compte 50 000 morts par département (nord de la Vendée, est des Deux-Sèvres, sud du Maine et Loire, sud de la Loire-Atlantique). D’autres parlent du 1/3 de la population disparu. Atroce et abominable.

François GODREAU, son frère Pierre, ont-ils participé à ces combats ? C’est plus que probable. Pierre est décédé entre 1789 (date de naissance d’un fils) et 1795 (date de remariage de sa veuve) de quoi est-il mort ?

Plus de curé, plus de registre ...

.........vous saurez la suite dans le n°10.